FACTEURS ASSOCIES A UN SCORE DE DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE ÉLEVÉ

Rédigé le 29/11/2022
ALAIN LEOBON


FACTEURS ASSOCIES A UN SCORE DE DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE ÉLEVÉ RAPPORTÉ PAR UN SOUS-GROUPE DE PARTICIPANT·E·S À L’ÉDITION 2018 DU NET LGBTQ+ BAROMÈTRE FRANÇAIS 2018

Contexte.
Si les minorités sexuelles et de genre, et particulièrement les HSH, sont ciblés par des interventions concernant leur santé sexuelle, peu d’actions visent à évaluer puis à réduire leur sentiment d’isolement, l’impact de différentes formes de discriminations subies, comme à combler des besoins plus spécifiques (ex. : prise en compte des diversités de genre, vieillissement) qui influencent leur vulnérabilité.
La 5e édition du Net Gay Baromètre français (NGB 2018), qui s’adressait aux HSH, mais aussi aux personnes transgenres ou non-binaires, a réuni 10 853 questionnaires entièrement complétés. Nous chercherons ici à dresser le portrait d’un sous-groupe de participant·e·s rapportant un score de détresse psychologique élevé, puis à présenter les variables associées à cette déclaration, permettant, conséquemment, de la prédire.
Nos hypothèses sont de démontrer que : 1) la faiblesse des liens/facteurs syndémiques entre santé sexuelle et santé mentale impose une révision des interventions et leur enrichissement, 2) les discriminations rapportées de manière additive ou intersectionnelle dans un ou plusieurs espaces où elles opèrent affecte de façon majeure la santé mentale des répondants et 3) celles-ci sont en lien avec la production de normes dominantes visant l’image corporelle, le genre ou la sexualité.

Méthodologie.
L’enquête aborde 8 thématiques, présentées en 18 sections questionnant les modes de vie, la sexualité et la santé des participant·e·s. L’une d’elle, visant à évaluer la santé mentale des répondant·e·s, présente l’échelle de détresse psychologique K6 introduite en 2002 par Kessler et al. Cette échelle, qui cherche à mesurer la détresse psychologique non spécifique dans une population générale par six questions, génère un score (établi entre 0 et 24), qui, égal ou supérieur à 13, nous indique la présence d’une détresse psychologique élevée. Pour dégager les facteurs qui lui sont associés, les analyses statistiques réalisées consistent en 1) une série de chi-carrés (χ2), effectués sur plus d’une centaine de variables-clés de l’enquête, permettant d’identifier celles qui présentent des différences statistiquement significatives pour un score de détresse élevée, à laquelle succède 2) une régression multiple (méthode d’entrée progressive) sur ces variables indépendantes identifiées, afin d’obtenir un modèle de prédiction du score de détresse psychologique à l’échelle K6.

Résultats.
Sur 10 827 participant·e·s, 9327 rapportaient un niveau de détresse modéré ou faible et 1500 un score élevé (13,9%) ; cinquante variables présentaient des différences significatives pour ce second groupe. Vingt-deux de ces variables indépendantes furent incluses dans le modèle final de régression multiple, permettant d’expliquer 27,5% de la variance du score de détresse psychologique. Parmi les 22 prédicteurs identifiés, citons le fait d’avoir rapporté un jeune âge, une faible appréciation de son apparence physique, un nombre élevé de discriminations ressenties dans l’espace public, au travail, dans le milieu gay ou à l’école, le fait d’être un homme trans ou une personne non-binaire, ainsi que d’avoir été agressé en raison de l'orientation sexuelle.

Discussion.
Par la richesse de ses questionnements, le NGB 2018 permet de dégager les prédicteurs d’un score de détresse élevé et de comprendre que 1) ces derniers sont rarement en lien avec les dimensions sociosexuelles, pourtant largement questionnées, et que, conséquemment 2) ils concernent des enjeux non priorisés par les actions de prévention en santé sexuelle. Notons la grande proportion de 16-25 ans impactés, l’influence des discriminations, l’importance de la lutte contre l’homophobie et de la prise en compte des diversités de genre. Nous relevons cependant un manque de données qualitatives permettant d’aborder l’aspect intersectionnel qui touche ce modèle et de mieux couvrir les besoins de ces populations en favorisant leur accès à des réseaux de soutien psychothérapeutique.

REF : Alain Al Léobon, Eugénie Samson-Daoust. Facteurs associés à un score de détresse psychologique élevé rapporté par un sous-groupe de participant·e·s à l’édition 2018 du Net LGBTQ Baromètre français. Journée de formation consacrée à la santé mentale LGBT+, Association ENIPSE (Équipe Nationale d’Intervention en Prévention et SantÉ), Oct 2020, Paris, France. ⟨halshs-03755021⟩

Consultez la pièce jointe pour obtenir plus d'informations.


DETRESSE_NGB_CNRS-ESO