HSH PVVIH AU PROFIL BIOMÉDICAL NON OPTIMAL

Rédigé le 01/10/2022
ALAIN LEOBON


Portrait et caractéristiques distinctives des répondants VIH+ au regard de leur profil biomédical selon la 4e édition du Net Gay Baromètre

Alain Léobon, Yannick Chicoine Brathwaite, Joanne Otis. Portrait et caractéristiques distinctives des répondants VIH+ au regard de leur profil biomédical selon la 4e édition du Net gay baromètre. Conférence Internationale Francophone VIH/Hépatites AFRAVIH 2016, Apr 2016, Bruxelles, Belgique. ⟨halshs-01592361⟩

Contexte

La 4e édition du « Net Gay Baromètre » (NGB) a interrogé les utilisateurs d’Internet à des fins de rencontres sur leurs modes de vie, leur santé et la prévention. Parmi les répondants VIH+ de l’étude, un 1er groupe déclare maintenir le port du préservatif avec leurs partenaires occasionnels (Part.O) alors que le second groupe rapporte des pénétrations anales non protégées (PANP) et agrège des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dont les profils biomédicaux divergent. Cette analyse vise à comprendre les spécificités des composantes du 2e Groupe.

Ces analyses secondaires portent sur les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) parmi les répondants français du NGB 2013-14 et cherchent à dégager les variables associées à un sous-groupe au profil biomédical non optimal.

Méthode

Les répondants porteurs du VIH sont divisés en 4 groupes mutuellement exclusifs : 1) ceux qui ont des relations anales protégées avec leurs partenaires occasionnels (groupe de référence) et, parmi ceux qui déclarent des pénétrations anales non protégées (PANP) avec le préservatif : 2) ceux qui ont un profil biomédical optimal (un traitement/une charge virale indétectable), 3) ceux dont le profil biomédical non optimal est à faible risque de transmission du VIH et 4) à fort risque de transmission du VIH. Cette construction permet de prédire quelles variables rendent plus probables le fait d’appartenir à tel ou tel groupe et d’ajuster les interventions à leurs endroits.

Parmi les répondants du NGB (N.= 16 963), 1751 se déclarent porteurs du VIH (PVIH) et avoir rencontré des partenaires occasionnels (P.O) dans les 12 derniers mois. Ces derniers sont segmentés en quatre groupes tenant compte de leur déclaration du maintien du port du préservatif lors de relations anales avec des P.O et de leur profil biomédical* (PB) : 1) Le Grp. A (n=354) regroupe les répondants PVVIH ne déclarant ni de PANP ni de plans bareback (PB) avec leurs P.O, 2) le Grp.B (n=535) est constitué des répondants PVVIH déclarant des PANP ou PB avec des P.O alors qu’ils sont sous traitement, avec une charge virale indétectable et sans contraction d’IST dans les 12 derniers mois, le Grp.C (n=754) étant divisé en deux sous-groupes, 3) le Groupe C1 constitué majoritairement de PVVIH ayant déclaré avoir contracté une IST mais se trouvant sous traitement en conservant une charge virale indétectable (N= 547) puis 4) le groupe C2 (N=207) constitué de PVVIH pouvant soit ne pas être sous traitement, soit avoir une charge virale détectable.

La première partie des analyses propose des analyses bivariées de chi carré et de régressions logistiques polytomiques univariées puis multivariées sont employées, en contrôlant pour les principales variables sociodémographiques, afin de contraster les Grp.B et C au Grp.A. La seconde partie questionne, dans un tableau croisé, l’homogénéité du Groupe C, constitué d’une majorité de PVVIH à faible risque de contraction du VIH et d’une part moins importante de PVIH à fort risque de transmission du VIH auquel nous porterons une plus grande attention.

Résultats/Observations :

L’analyse montre que les Grp B et C partagent bien des facteurs associés communs, pour lesquels le groupe C présente en général des ratios de cote plus élevés. Par ex. les répondants déclarant un sentiment d’appartenance au milieu gay, un plus grand nombre de Part.O, une dépendance aux rencontres en ligne, des pratiques sexuelles marginales, la consommation de substances de type « sexuel », des PANP dans leur couple, des préoccupations sur la sexualité compulsive, sur le dépistage des IST, sur l’hépatite C, un moindre intérêt pour la prévention sont plus susceptibles d’appartenir aux groupes B et C.

Certaines variables marquent spécifiquement la probabilité d’appartenir au Grp.C : avoir un faible niveau d’éducation, faire partie de minorités visibles, prendre des risques dans la vie, fréquenter les lieux de rencontres sexuels gay, consommer des drogues « Hard » telles les cathinones lors de Slam Party, ou ressentir de la sérophobie. Ainsi les PVVIH au profil biomédical à risque semblent plus exposés/marginalisés nécessitant une prise en charge adaptée.

La segmentation du Groupe C* nous montre une certaine hétérogénéité de ce groupe. En effet, les PVVIH à fort risque de transmission (C2) se distinguent par le fait : d’être plus jeunes (36,2 vs 43 [10 fois plus nombreux à être âgés de 16-24ans]), plus souvent sans emploi (16,0 % vs 9,7 %), en couple avec un partenaire dont la dernière charge virale est détectable (25,6 % vs 7,3), de prendre des risques dans la vie (50,5 % versus 44,6 %), de consommer des substances lors de Slam Party (15,2 %, vs 8,2 %), de déclarer des relations sexuelles tarifées (23,3 % vs 14,3 %), de consommer lors de ces plans tarifés (10,5 % vs 3,2 %), et deux fois plus souvent, de participer à des Slam-Party, comme d’y partager des seringues et, conséquemment, ils rapportent plus fréquemment être porteur du VHC. Ils sont aussi plus nombreux à se sentir discriminés au regard du travail du sexe (8,7 % vs 1,8 %), à avoir été injurié ou agressé dans 12 derniers mois (35,0 % vs 22,9).

Conclusion - discussion

Selon cette analyse, les participants aux NGB PVIH au « profil biomédical problématique » présentent en général des ratios de cote plus élevés sur nombre de facteurs associés à leurs modes de vie, à leur santé sexuelle et à leurs préoccupations. Les analyses secondaires soulignent que, parmi eux, ce sont les PVVIP « à fort risque de transmission du VIH » qui nécessitent la plus d’attention et une prise en charge adaptée.

Dans un contexte de diversification des stratégies de prévention, et de mise en avant de la prévention diversifiée, nous pouvons nous questionner sur les stratégies et formes d’interventions à proposer aux HSH séropositifs pour les outiller dans leurs interactions avec des partenaires occasionnels séronégatifs ou de statut sérologique inconnu.

Les formes d’abandons les PVVIH « à fort risque de transmission du VIH », questionnent, étant sans ou en échec de leurs traitements et exposent leurs partenaires, étant plus nombreux à ne pas chercher à en connaître le statut.

* Pour l’ensemble des résultats présentés : P<0,005

Note :  Vous pouvez communiquer avec le responsable de l'étude au CNRS par courriel : alain.leobon@cnrs.fr et consulter la pièce jointe pour plus lire l'ensemble du dossier.


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